En Bretagne, comme dans toutes les régions, sous l’ancien
régime, la vie quotidienne était ponctuée de nombreux jours de congé,
de fêtes et d’évènements religieux ou politiques.
C’est lors de ces occasions qu’exerçaient les sonneurs
et chanteurs bretons.
La principale « fête », si on peut l’appeler ainsi, était
la veillée.
Elle avait lieu dans une ferme du village, où tous se rassemblaient, buvant
écoutant histoires, gwerzioù
ou blagues ou musiques. La veillée était le lien social de
la communauté, elle permettait la transmission du savoir à la cellule communautaire
et participait à la solidarité et à la création musicale ou littéraire. Regroupés
autour de l’âtre, ou près des bêtes pour leur chaleur, ses membres tout en effectuant
des travaux domestiques (couture, réparation de filet…) interprétaient les dernières
chansons apprises, les plus difficiles, les lus étranges… D’autres contaient,
blaguaient, propageant oralement ce savoir ancestral. Aujourd'hui, les
festivals bretons contribuent au rôle de ces veillées
dans la transmission et la communication.
Les fêtes agricoles, fest
deiz ou fest
noz, rythmaient ces travaux.
Chaque « corvée » effectuée était occasion. Souvent sur l’aire
à battre, dans les champs, mais également pour la construction
d’une maison (le sol étant fait à partir d’argile tassé, des
festoù noz avaient lieu dans l’aire à construire
et, usant de certaines danses,
les sonneurs
permettaient aux danseurs, par leurs pas,
de tasser progressivement la terre de l’aire à mesure qu’ils
tournaient).
Deux fêtes sont également très importantes en Bretagne
et ponctuent l’activité musicale de la région, la Saint
Patrick, du nom de l’évangélisateur de l’Irlande
et la Saint Yves,
celui qui évangélisa la Bretagne à son tour.
Les Foires,
véritables marchés ruraux, rassemblaient des bretons sur une
large zone géographique.
Outre leur praticité commerciale, ces foires permettaient l’échange
des savoirs entre les différents pays, la comparaison vestimentaire et participaient
elles aussi à l’évolution foisonnante de la création bretonne.
Enfin, les pardons
et cérémonies religieuses étaient d’une grande importance dans ce pays profondément
catholique. De toutes la Bretagne venaient
des paysans, certains cherchant chez tel saint le salut de
son problème, tel autre effectuant le Tro Breiz (tour de la
Bretagne : pèlerinage catholique en Bretagne
faisant le tour de la péninsule). La musique accompagnait ces
évènements, qui également servait de rencontre entre les jeunes gens.
Jeremie Pierre JOUAN