La première guerre mondiale vit la région la plus peuplée de France perdre
deux fois plus de jeunes hommes que dans toutes les autres régions. Cette guerre
désorganisa complètement la société bretonne qui, progressivement, et avec l'aide
d'un état jacobin, abandonna sa culture, ses conceptions, ses
traditions pour adopter celles de la République.
La seconde guerre mondiale, et dans une moindre mesure la guerre d’Algérie,
accentua les effets destructeurs sur la musique bretonne et
la langue bretonne. Le colportage
des chansons bretonnes put se faire par les femmes, mais la
musique bretonne, jouée exclusivement par les hommes et
transmise oralement, eut quant à elle à subir d’irrémédiables pertes.
Ce n'est qu'à partir des années 40 et surtout dans les années 1950, qu'une poignée
d’hommes, dont Polig Monjarret, fondèrent l’Assemblée
des Sonneurs ( le BAS ), remettant au goût du jour
dans les villages les musiques et instruments
traditionnels bretons. Une nouvelle révolution était en marche,
il s’agissait du premier élément structurel de la musique bretonne.
Les romantiques importèrent d’Ecosse la grande
cornemuse, les tambours et les caisses
claires, pour les marier aux traditionnels binious
et bombardes
bretonnes. Les commandements martiaux en breton
réglèrent l’ensemble, on créa des gammes tempérées : les Bagadoù
naissait, formation acoustique la plus puissante de la planète.
En parallèle, les sonneurs
de couple (biniou
bombarde) perpétuèrent
la tradition des itinérants, célébrant mariages et courses
de chevaux, et évoluèrent vers de nouveaux instruments tels
que l’accordéon, apparu dans les années 20 et balayant à l’époque
la vielle et le violon.
La grande tradition des chanteurs
bretons fut également toujours très présente dans le kan
diskan, chant où l’un répond à l’autre en lui répétant ce qu’il
vient de dire selon un principe de tuilage musicale, et la gwerz
(complainte).
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Jeremie Pierre JOUAN