C’est heureusement grâce au travail de Polig Monjarret,
Loeiz Ropars et quelques autres qu’une reprise
de conscience eut lieu à la fin des années quarante. Un long
travail de dépolitisation et de réappropriation de la culture
se mit en marche, soutenu par des artistes comme Alan
Stivell. Mais l’époque de reconstruction n’était
pas à la réminiscence celtique.
Mais la société de consommation américaine atteignit une première fois ses
limites vers la fin des années soixante et notamment l’année 1968, où, presque
partout dans le monde, les consciences politiques s’éveillèrent et des peuples
se levèrent (mai 68 en France). L’idée que les biens matériels
n’apportaient aucun bonheur particulier, mais au contraire, contribuaient, par
le manque qu’ils produisaient, aux malheurs des peuples, se traduisit soudainement
par un retour à la terre. Les babas cool débarquaient traçant
de nouveaux sillons culturels.
C’est profitant de cette vague humaniste
sans précédent, qu’avec génie, Alan
Stivell, modernisant la musique en l’électrifiant,
permit en février 1972 à la musique bretonne
de sortir de son ghetto et de se mondialiser en quelques années.
Son concert à l’Olympia fut retransmis en
direct, à la radio, devant un bon tiers de la population française.
Aux cotés de Gilles
Servat et d’Alan
Stivell arrivèrent de nombreux musiciens, tels
Dan
ar Braz, les frères Patrick
Molard, Dominique
Molard et Jacky
Molard, Mélaine
Favennec, Manu
Lann-Huel et bien évidement les Tri
Yann… Cette nouvelle génération donnera à la
région un élan, sans commune mesure, proche de celui qu’apporta
Hersart de La Villemarqué cent quarante dans
plus tôt.
Comme à chaque expérience de ce type, l’épopée de ce revival
prit rapidement fin. Dès 1979, les ventes et l’engouement
déclinèrent progressivement pour s’éteindre quasiment en 1981.
La décennie quatre-vingt, plutôt futuriste dans ça conception
ne laissait plus aucune place aux cultures traditionnelles.
Seules quelques rares productions réussirent le pari de sortir
du lot et de se vendre, comme Barzaz,
Den
ou Gwerz,
mais elles restèrent néanmoins très confinées dans l’ouest.
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Jeremie Pierre JOUAN