Et c’est ainsi que de nombreux cantiques laissent paraître,
encore aujourd’hui, des traces de la spiritualité celtique,
remodelée suivant la parole chrétienne. Car la colonisation
de l’Armorique par les bretons chrétiens
de Galles n’a pas permis l’éradication complète des anciens
dogmes, mais simplement leur assimilation, leur effacement au profit d’une pensée
modernisée et actualisée pour l’époque. Il est par ailleurs intéressant de noter
la répartition géographique des saints et patrons,
pour mieux comprendre ce principe d’assimilation.
En effet, au nord de la Bretagne, sur les terres de prédilections
des colons (les terres les plus proches du Pays de Galles)
apparaissent des saints masculins tels Saint-Yves,
tandis qu’au sud, l’on trouve Saint Anne, dont le nom et la
signification symbolique se rapprochent étrangement de la déesse mère Ana,
chère aux armoricains.
Répondant à ce besoin de chapelles, de morcellement du territoire,
héritage, tant de l’esprit celte, de la géographie de la colonisation
bretonne que de la féodalité, les cantiques
se devaient de répondre aux besoins locaux de spiritualité. C’est ainsi qu’à
chaque saint, c'est-à-dire à chaque paroisse, était associé
un cantique, forme d’hymne religieuse et ethnique, lien sociale
fort de la communauté, établie, comme aux temps celtiques,
entre l’église et le domaine du maître.
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Jeremie Pierre JOUAN