La musique de bagad (bagadoù au pluriel)
est née dans les années trente, à Paris, mais essentiellement
en Bretagne à partir de 1943 et plus particulièrement des années
cinquante.
Créé, par Polig Monjarret, à travers le Bodadeg ar
Sonerion, le bagad prend son essor au lendemain de
la seconde guerre mondiale. Regroupées, dans un premier temps, autour d’associations
syndicales ou d’amicales professionnelles, ces formations musicales
vont rapidement élargir leurs bases et s’émanciper de contenus politiques ou
sociaux.
Considérées principalement, pendant leurs vingt premières années d’existence,
comme des écoles de formations en musique bretonne,
la musique de bagad restera relativement «
scolaire » jusque dans les années soixante-dix. Liés à des cercles celtiques,
véritables écoles de danse, les bagadoù représenteront
rapidement la Bretagne, tant par leur côté folklorique, plaisant
aux yeux des touristes (avec le port du costume traditionnel, musique particulière
peu audible aux oreilles non initiées), que par la cohésion culturelle qu’ils
apportent.
Essentiellement entendue lors de défilés (les Fêtes
de Cornouaille), de cérémonies publiques ou de concours
organisés notamment à Brest, les bagadoù mettront
plusieurs années à quitter leur terroir traditionnel. Et c’est
paradoxalement grâce à ces défilés et concours
que cette transformation va se produire.
En effet, rapidement, les bagadoù vont acquérir
un niveau similaire dans la technicité et l’interprétation,
qui va rendre plus difficile leur hiérarchisation dans les
concours. C’est en s’ouvrant à d’autres sonorités
que ces derniers vont tenter d’influencer le choix du jury
du Championnat
de Bretagne des Bagadoù. Est-ce un hasard du
calendrier, cette transformation s’opère lorsque ce même championnat
quitte Brest pour le Festival
Interceltique de Lorient.
Dès lors, les bagadoù vont rivaliser d’ingéniosités
musicales, d’influences, pour obtenir le meilleur de leurs
formations. Le Bagad
Ronsed-Mor rencontre l’ARFI
et mêle le free-jazz, le Bagad
Kemper invite guitaristes et chanteurs et importe
des Balkans de nouveaux airs, Men
ha Tan rejoint Henri Texier.
Aujourd’hui, ces musiques particulièrement appréciées du public,
sont en pleine effervescence musicale, et la création enclenchée ces dernières
décennies va produire de grands moments.
Jérémie Pierre JOUAN