Après la seconde guerre mondiale et l’évolution fulgurante de la Bretagne,
dans de très nombreux domaines, ces fêtes, à l’initiative de
Loeiz Ropars connurent de nombreux changements. En 1954, organisant
un concours de kan
ha diskan sur la commune de Poullaouen, Loeiz
Ropars imagina une nouvelle mode festive. Les travaux des champs devenant
de moins en moins pénibles par l’industrialisation et l’automatisation, la population
s’urbanisa, et, afin de répondre à ce changement de société, l’objet même de
ce rassemblement fut réinventé. Succédant à une nécessité communautaire, le
fest-noz s’est transformé en tribune musicale et populaire,
puis commerciale. Les musiciens et chanteurs
furent théâtralisés, mis sur podium, éclairés et progressivement
sonorisés. Les formations traditionnelles
de kan ha diskan
ou musique à danser,
couple de
sonneurs entre autre, se modifièrent, faisant appel à de véritable
orchestres, les jeux et autres animations ou concours
disparurent. Le public lui-même se transforma. Passant d’une communauté définit,
intergénérationnelle, à un ensemble moins homogène, cependant toujours intergénérationnelle,
même si cela tend à disparaître de nos jours, subissant la commercialisation
progressive de cette culture.
C’est aux changements d’époque, à la volonté bretonne
d’actualiser son folklore, de se libérer
des contraintes traditionnelles qui ne correspondent
plus, mais également et surtout par la volonté des sonneurs
et chanteurs, initiée par Etienne
Grenelle et Yann-Fanch
Kemener, de voir leur travail rétribué, de pouvoir
vivre pleinement l’état social d’artiste, qu’au cours de la
décennie 70, ces festoù-noz se sont finalement
transformés en fêtes purement commerciales,
en attrape touristes dans certaines stations balnéaires. Certaines
manifestations se sont protégées de cette
évolution, préservant le plaisir des danseurs,
c’est notamment le cas du festival du Printemps de
Châteauneuf (Châteauneuf du Faou,
29).
Jeremie Pierre JOUAN